Rivière doit son nom, Riparia, à sa situation sur le bord de la Vienne. Avant l’établissement du pont de Chinon, la voie romaine passait près du bourg actuel de Rivière. En cet endroit existait au moins un pont de bateaux, unique moyen de communication d’une rive à l’autre pour tous ceux qui se rendaient de Tours et de Chinon à Candes et à Saumur, en traversant la basse Touraine. Saint Martin suivit sans doute plusieurs fois ce chemin en allant à Candes, lorsqu’il ne pouvait descendre le cours de la Loire en bateau. La tradition veut que saint Martin ait fondé en ce lieu une église, devenue aujourd’hui l’église Notre-Dame. La commune est l’une des plus petites du département.
Église Notre-Dame-de-Rivière
L’église Notre-Dame de Rivière serait le plus ancien sanctuaire dédié à la Vierge Marie en France. Au IVe siècle, saint Martin y aurait fait construire une église. Mais elle n’apparaît dans les sources fiables qu’à partir de la fin du XIe siècle. Le sanctuaire est surélevé au-dessus d’une crypte dans laquelle on trouve trois chapelles ; celle de gauche est dédiée à saint Martin, les peintures murales sont l’œuvre du comte de Galembert (1864). Une légende du XIIIe siècle relate sur le mur la rencontre de saint Martin et de saint Mexme.
La légende
Une légende rapporte qu’un jour, saint Martin voulait que saint Mexme l’accompagne à Rome en pèlerinage. Alléguant de travaux dans son monastère, saint Mexme voulut d’abord retourner à Chinon en barque. Soudain, la barque se retourna sous les yeux de saint Martin, qui le sauva de la noyade en lui demandant d’être plus obéissant.
I Martin, après court séjour,
De Candes partit un jour,
Par la rivière de Vienne,
Où est une église ancienne,
De Dame et Vierge Marie,
Au milieu de la prairie.
II Alors Monsieur Saint Martin,
Priant depuis le matin,
Avec pieuses rêveries,
Au doux autel de Marie,
Rencontre le bon saint Mexme,
Très fort occupé lui-même,
Pour l’église de Chinon,
Qui plus tard porta son nom.
III « Je voudrais, dit saint Martin,
Diriger mes pas vers Rome,
Voulez-vous, sans lendemain,
Au sérieux être mon homme,
Et voyager avec moi ? »
Bon saint Mexme se tint coi.
IV Il dit que pour rien au monde
Il ne se mettrait en ronde
Avant l’ouvrage fini,
Dont il avait grand souci ;
Mais qu’après il irait bien
Avec Monsieur Saint Martin.
V Ce refus, de par saint Mexme,
sur l’heure même ;
Fut puni : voici comment
S’accomplit le châtiment :
VI Martin reprend son voyage
Et Mexme, plein de courage,
Met le pied sur le bateau
Descendant le cours de l’eau,
A Chinon menant la pierre
Pour la belle église faire.
VII Le nautonnier prend la rame,
Désamarre son chaland,
Frappe les flots rudement
Sans s’effrayer de la lame
Que lui conduit la tempête
Grondant soudain sur sa tête.
VIII Le vent, l’orage et les flots
Agitent le fond des eaux,
Font si bien que le navire
Tourne, chancelle et chavire,
Et, le plus affreux malheur,
engloutissent le pêcheur.
IX Les vieux Gaulois de ce lieu,
Alors appelé « les Rives »,
Tous convertis depuis peu
Aux prières persuasives
Du doux et pieux saint Mexme
Font entendre un cri suprême.
X Tous aussitôt vers Martin
Courent conter leur chagrin,
Lui disent l’affreux malheur
Qui vient d’affliger leur cœur.
« O toi, notre aimable,
Viens ! entends notre prière !
XI Martin, touché par ces larmes,
Veut bien calmer les alarmes.
Arrivé près du ruisseau,
Il voit la barque engloutie,
Mexme submergé sous l’eau,
Plus près de mort que de vie.
XII « Mexme, réponds à ma voix,
dit Martin avec puissance,
Et désormais promets-moi
D’avoir plus d’obéissance.
A Rome veux tu venir,
Ou bien là, sous l’eau mourir ? »
XIII Mexme, du fond de l’abîme,
Dit qu’il reconnaît son crime,
Que partout où il voudra
Monsieur Saint Martin suivra.
Martin lui crie à voix haute :
XIV « Lève-toi du fond du gouffre,
Dieu dans l’eau plus ne te souffre. »
Mexme alors, du fond de l’eau,
Bien près d’être son tombeau
Se présente sans dommage
Jusques au bord du rivage
XV Les vieux Gaulois réunis,
De le voir sont ébahis.
Monsieur Saint Martin lui-même
Etait tout émerveillé
De ce que bon Saint Mexme
N’était ni mort ni mouillé.