La Chapelle-sur-Loire




Le souvenir de saint Martin est étroitement lié à la commune : l’église est dédiée au saint. En aval, on distingue, de l’autre côté de la Loire, le hameau «l’Île-Saint-Martin», au niveau de la commune de Huismes, à ne pas confondre avec l’île Saint-Martin, que l’on peut voir au milieu de la Loire, au niveau du lieu-dit Les Trois Volets.

L’Île-Saint-Martin fait partie des terres du château d’Ussé, situé sur la commune de Rigny-Ussé. Une inscription portant le nom La Latte se trouve près de la rue Tasché, et pourrait laisser supposer l’existence d’un monastère au VIe siècle. En effet, Grégoire de Tours parle de Latta dans son Histoire des Francs (IV, 48) à propos du conflit entre Chilpéric et Sigebert. Une troupe d’ennemis aurait traversé le fleuve et pillé le monastère de Latta, où se trouvaient les reliques du bienheureux Martin. Au cours de la traversée du retour, un « miracle » se produisit : le bateau coula…


La Légende de l’Été de la Saint-Martin
Selon une légende, le lieu, La Chapelle Blanche (Capella alba) aurait été « baptisé » lors du transfert du corps de saint Martin, mort à Candes et transporté sur la Loire en direction de Tours : au passage du thaumaturge, les buissons des rives se seraient couverts de fleurs blanches, d’où l’expression « l’Été de la Saint-Martin ». Cette abondance floraison de l’aubépine fit donner au chemin de la rive droite de la Loire le nom de «voie blanche», d’où proviennent les noms de La Chapelle-Blanche et du hameau situé en aval, Le Port-d’Ablevois (Alba via). Ce n’est qu’au XIXe siècle que la commune reçut le nom de La Chapelle-sur-Loire, afin d’éviter les confusions avec La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, près de Ligueil. Touchée par des vents de sud-ouest, la France bénéficie souvent d’un redoux dans les jours qui suivent la Saint Martin. On parle à cette occasion de « l’Été de la Saint-Martin » (de l’autre côté de l’Atlantique, des phénomènes météorologiques différents occasionnent aussi un bref redoux en novembre, connu comme l’été indien).


Église Saint-Martin
L’église est placée sous le vocable de la Translation de saint Martin. Elle fut sans doute édifiée par les chanoines de Saint-Martin, car elle figure parmi les possessions de la collégiale citée en 1177. Détruite à plusieurs reprises par les crues de la Loire, elle fut plusieurs fois reconstruite. L’édifice fut restauré en 1693 et a été inscrit à l’Inventaire en 1949. L’église possède un vitrail principal de 1892 réalisé par un verrier de Chedigny en Touraine, A. Clément. Il relate la consécration de Martin à l’Évéché de Tours en 371, ainsi qu’un tableau de la Charité de saint Martin au-dessus du presbytère, et une Charité sculptée sur le portail principal. Un ex-voto en forme de bateau est suspendu à la voûte latérale de l’église. C’est un vaisseau de guerre qui fut baptisé le Saint-Martin. Il s’agit d’une maquette en bois réalisée par un marinier qui date de 1810.

Lieu dit «les Trois Volets»
En se rendant aux Trois Volets, on peut admirer la Chapelle de Bon Secours (1708). Une tradition locale raconte que trois rusés compères voulurent exploiter la charité de saint Martin. L’un d’entre eux se fit passer pour mort, tandis que les deux autres quémandaient de l’argent au saint pour ensevelir leur camarade. Comme à leur retour, celui-ci était réellement sans connaissance, ils revinrent demander de l’aide à saint Martin qui ranima le simulateur et récupéra son argent. Le coin où se trouvait le prétendu défunt s’appelle «Mal y dort». Par une assimilation étymologique (Trois Voleurs), on a situé cet épisode aux Trois-Volets.


Légende des deux boiteux
En 884, au moment où les reliques de saint Martin étaient ramenées d’Auxerre en triomphe, on raconte que malades et infirmes guérissaient au passage des reliques. Or, il y avait dans le village deux paralytiques qui utilisaient leur infirmité pour profiter de la charité d’autrui. Apprenant la nouvelle, ils furent saisis par la peur, et, préférant leurs maux à une guérison qui les forcerait à travailler, ils prirent la fuite. Mais la vertu de saint Martin les atteignit et les guérit malgré eux. Enfin touchés par la bonté du saint, les deux boiteux se rendirent à Tours en glorifiant le seigneur. Ces miracles du saint se seraient déroulés à La Chapelle-sur-Loire, bien que les habitants de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin se les soient peu à peu appropriés.