Aquilée, en italien Aquileia, en slovène Oglej, est actuellement une ville côtière de l’Adriatique d’environ 3300 habitants appartenant à la province italienne d’Udine, dans la région du Frioul-Vénétie julienne.
Colonie romaine fondée en -181 par trois ambassadeurs romains, Aquileia devient cité moins d’un siècle plus tard. Durant le règne d’Auguste ( de -31 à 14), elle est proclamée capitale de la dixième région d’Italie,actuellement Vénétie et Istrie grosso modo). Le développement de la ville à cette époque est tel que sa splendeur lui vaut d’être comparée à une seconde Rome. La fortune d’Aquilée lui vient de sa position stratégique et commerciale aux débouchés des routes venant des Alpes, et notamment de la route de l’Ambre. Par son port transitent de nombreuses denrées, la ville elle-même étant au centre d’un riche terroir.
En 168, la ville sert de base aux empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus contre les tribus révoltées des régions danubiennes. La peste antonine les oblige à différer leur offensive. À une date controversée, mais aujourd’hui le plus souvent placée en 170, Aquilée est assiégée par les Quades et les Marcomans alliés contre les Romains avec les Sarmates durant les longues guerres du règne de Marc Aurèle.
En 238, la ville est assiégée par les troupes de Maximin le Thrace dans le cadre de la guerre civile qui l’oppose au sénat romain. La ville organise sa défense en attendant les renforts venus de Rome, les assiégeants échouent à la prendre et finissent par massacrer Maximin, Aquilée devient alors le théâtre du ralliement des armées de l’empereur Maximin aux nouveaux empereurs désignés par le sénat.
Sous Dioclétien (293 – 305), Aquilée devient le siège d’un atelier monétaire.
Après l’édit de Constantin, en 313, l’évêque Théodore y fonde une première église qui a un rôle primordial dans l’évangélisation vers l’Est, jusqu’au Danube et en Hongrie et, par delà l’Istrie, vers les Balkans. L’importance de cet évêché lui vaut le statut de patriarcat depuis l’an 554.
Le déclin vient avec les invasions barbares et la chute de l’Empire romain d’Occident. Les fortifications détruites, la ville fut rasée par Attila en 452. La région devint un passage aisé pour envahir la riche péninsule. Tandis que la population locale se repliait dans les collines, ne resta à Aquilée que son prestigieux évêché qui, de 1077 à 1420, eut sous son contrôle le Frioul et la Vénétie ainsi qu’une bonne partie de la Slovénie et de l’Istrie. Cette époque connut d’étonnantes avancées démocratiques telles le parlement du Frioul. La Vénétie dépendit du patriarcat d’Aquilée jusqu’en 1751.