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Candes-Saint-Martin



Le nom de Candes en Latin, Candate, signifie Confluence. Le village se situe en effet à la confluence de la Vienne et de la Loire. Saint Martin a également édifié des églises dans des bourgs : Langeais, Saunay, Amboise, Ciran, Tournon, Candes, après avoir détruit les temples païens et baptisé les habitants. 

C’est au confluent de la Loire et de la Vienne que Martin de Tours mourut le 8 novembre 397. Il s’était rendu à Candes afin d’apaiser une discorde entre les clercs. Une fois la paix rétablie, il voulut retourner dans sa ville épiscopale, lorsque ses forces physiques commencèrent à l’abandonner. Il convoqua ses frères et leur fit savoir qu’il était mourant. Malgré ses souffrances, saint Martin refusa qu’on apaise sa douleur, et resta étendu dans la maison presbytérale, voisine de l’église, sur un lit de cendres recouvert de son cilice, avec une simple pierre pour oreiller. C’est là qu’il rendit le dernier soupir, à l’âge de 81 ans. L’évêque de Tours fut ramené à Tours pour y être inhumé, trois jours après sa mort. Grégoire de Tours raconte que devant la sainte dépouille, un grand débat s’éleva entre les clercs poitevins et les clercs tourangeaux. Les uns et les autres réclamaient l’honneur de posséder le corps de saint Martin. Et ils justifiaient ainsi leurs prétentions : Les Poitevins disaient  « C’est notre moine. Il a été abbé chez nous. Nous réclamons ce que nous vous avons prêté. Vous l’avez eu pour évêque. Vous avez joui de ses entretiens ; vous avez pris vos repas avec lui, vous avez été réconfortés par ses bénédictions et vous vous êtes réjouis de ses miracles. C’est assez pour vous. Laissez-nous emporter au moins sa dépouille ! » Les Tourangeaux répondaient « Vous dites que ses miracles doivent nous suffire ! Sachez donc qu’il en a plus accompli chez vous qu’il n’en a opéré à Tours. Sans parler de beaucoup d’autres bienfaits, il vous a ressuscité deux morts ; à nous, un seul. 

Et comme il le disait souvent lui-même, son pouvoir était plus grand avant son épiscopat qu’il ne le fut depuis. Ce qu’il n’a pas fait chez nous de son vivant, il faut qu’il le fasse après sa mort. Si c’est Dieu qui vous l’a enlevé pour nous le donner, si l’on observe l’usage anciennement établi, c’est dans la ville où il a été sacré évêque qu’il doit être inhumé : telle est la volonté de Dieu. Et si vous alléguez que son premier monastère a été institué chez vous, sachez qu’il en est un plus ancien encore, c’est celui de Milan ! » 

Durant cette dispute, la nuit était venue. La sainte dépouille, placée au milieu d’une chambre dont la porte était fermée à clef, fut gardée par les deux parties, qui n’avaient pu se mettre d’accord. Vers le milieu de la nuit, les Tourangeaux, profitant du sommeil des Poitevins, sortirent le précieux corps par la fenêtre et le transportèrent dans un bateau amarré sur la Vienne, avant de regagner bien vite la Loire. Des feux s’allumèrent alors et des chants s’élevèrent du fleuve, réveillant les Poitevins. Trop tard, le corps de Martin s’en allait, remontant la Loire, vers la ville de Tours. 


A VOIR
Temple gallo-romain (disparu) 
Au confluent de la Loire et de la Vienne, à mi-pente du coteau, dans le parc du Château-Neuf, on a dégagé vers 1856 les vestiges d’un temple gallo-romain. Il s’agissait d’une construction de 60 m sur 30 m, orientée est-ouest et renforcée par 5 contreforts. Dans une sorte de fosse étaient rassemblés de nombreux débris sculptés, frises, corniches, rosaces…, ainsi que des monnaies du 1er siècle. Peut-être s’agit-il d’un temple détruit par saint Martin vers 387, et qu’il a remplacé par l’église Saint-Maurice, à 50 m seulement du sanctuaire antique, « après avoir baptisé les païens », comme l’a écrit Grégoire de Tours. 

Collégiale 
Quand saint Martin vint à Candes pour la première fois, il fit bâtir une église qu’il consacra à saint Maurice, en témoignage de la dévotion qu’il avait pour l’ancien soldat romain, mort victime de sa foi. Cette église du IVe siècle menaçait de tomber en ruine, et on en construisit une autre romano-gothique aux XIIe et XIIe siècles. C’est la belle église actuelle. À l’intérieur, on trouve une alliance de style architectural militaire et de style religieux. Le porche, voûté en ogive, présente au centre une fine colonnette recevant toutes les nervures des voûtes. À l’intérieur, la voûte de la nef principale est soutenue par de hauts piliers aux chapiteaux délicatement ouvragés. La troisième abside renferme la chapelle construite sur l’emplacement de la cellule de saint Martin avec, par terre, là où se trouvait sa couche, l’inscription : « Ici est mort saint Martin, le 8 novembre 397 ». 
La Collégiale de Candes portait comme armoiries : « D’azur, à un saint Martin à cheval, suivi du pauvre, auquel il donne son manteau ; le tout, d’or, et autour ces mots : Sancti Martini ». 

Vitrail de l’enlèvement (Lobin) 
Le vitrail représente l’enlèvement du corps du saint par les Tourangeaux. La tradition veut qu’au passage du convoi fluvial transportant le corps de saint Martin, les buissons des berges de la Loire se couvrirent de fleurs, ce qui aurait donné naissance à l’expression « l’été de la Saint-Martin ». On vénérait à Candes le « lit » de saint Martin, le lectulus, couche de cendres répandues sur le dallage, qu’il complétait par une pierre plate lui servant d’oreiller. Ce « lit » fut entouré d’une balustrade de bois et protégé par une tenture de soie. On venait y passer la nuit. Les pèlerins les plus pauvres étaient accueillis dans un hospice construit contre l’église. Dans celle-ci, on voit encore la dalle sur laquelle fut placé le corps de saint Martin le jour de sa mort. Sainte Radegonde, sainte Geneviève, sainte Clotilde se rendirent à Candes, de même que le roi Charles le Chauve et l’évêque Grégoire de Tours, qui y mentionne plusieurs miracles. On raconte aussi qu’à l’endroit même où le corps de Martin avait reposé sur un lit de sarments, poussa une vigne magnifique. Guibert de Gembloux, venu en pèlerinage des bords du Rhin au 12e siècle, put admirer cette treille plusieurs fois centenaire lors de son passage à Candes. 

Relique du sang de saint Maurice 
Le Pèlerinage de Guibert de Gembloux (1180) nous renseigne sur les reliques conservées à Candes à cette époque : les cheveux de saint Martin, le cilice qu’il portait le jour de sa mort, une ampoule à demi pleine du sang de saint Maurice, rapportée d’Agaune par saint Martin lui même. Elle était accompagnée d’un certificat gravé sur une ardoise (daté de 1783) authentifiant les reliques, de deux petits paquets de linge très fin, d’un tube cylindrique contenant une poussière noire et un sceau de cire du Chapitre de saint Martin (retrouvée en 1873 dans le maître-autel). Deux autres fioles se trouvaient à Tours et à Angers, mais elles ont disparu. 

Tableau 
Saint Martin de Tours, passant sous les portes de la ville d’Amiens, donne la moitié de son manteau à un pauvre. Œuvre d’Antoine Rivoulon (1837), acheté par l’État pour être donné à la Collégiale, ce tableau représentant la Charité se trouve au-dessus de l’entrée de la Chapelle. 

Légende du marteau de saint Martin 
Comme à Cinais, on dit que saint Martin lança son marteau en l’air en disant : « Où mon marteau tombera, une statue on m’élèvera ». Le marteau tomba entre Coulaine et Saint-Louans, à plus de 10 km en ligne droite. Ne serait-ce pas plutôt à Lerné, capitale des statues ?… Chaque année, l’association « Convergence » organise des fêtes dans tout le village, en particulier, une manifestation appelée « l’Été de la Saint Martin » le deuxième dimanche de novembre : des animations rythment les rues, des concerts ont lieu dans la Collégiale, on peut déguster des châtaignes, des fouées… L’association « Les Amis de Candes » sauvegarde le patrimoine de la Collégiale de Candes et y organise des visites. 


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