Un peu d’air frais au quartier de Fontbouillant (Montluçon)
J’avais laissé le récit de nos aventures du côté de Chatel-Montagne, à 25 bornes de Vichy. Une fois la ville thermale passée, le nombre d’habitants au km² se réduit sensiblement. La campagne. Avec une tranquillité et un silence apaisants, un environnement verdoyant. L’idéal pour les grandes marches ( environ 25km par jour en ce moment). On peut sans aucun problème évoluer au beau milieu de la départementale, voire y faire une longue pose. On pourrait aisément organiser un sitting de protestation ( contre l’augmentation du prix de la semelle compensée par exemple) pendant plusieurs heures sans risquer la matraque d’un C.R.S. Le seul problème, c’est que l’impact médiatique en serait très limité, même les bovidés finiraient par se lasser.
Alors, dans ces conditions, l’arrivée à Montluçon ne se fait pas sans une certaine excitation à l’idée de rencontrer un peu d’agitation. Il faut le dire, c’est bien pratique la ville. Cela nous permet notamment de laver nos fringues facilement et de pouvoir mettre en ligne sur le blog nos petites histoires. Je savoure également le plaisir de me prélasser sur une terasse de café en buvant un coca et en bouquinant. En ce moment c’est Le désert des Tartares ( Buzzati), subtilisé ( j’ai honte) au camping de Villerest. L’histoire d’un militaire envoyé dans un fort au milieu où il passe sa vie à attendre la guerre. Cette attente l’use en même temps qu’elle entretient l’espoir qu’elle arrive un jour. Ca me fait penser à mes cheveux qui poussent inéxorablement, me confinant à la mocheté, sans que j’ai la volonté de réagir et espérant que le temps arrangera la coupe. Un appel téléphonique de Jean-Marie Auclair, journaliste à Radio-Montluçon-Bourbonnais(RNB), me sort de ces considérations hautement philosophiques. Souhaitant nous interviewer, il me rejoint au café ainsi que Daniel, enfin revenu de son escapade chez Décathlon. Il propose une interview en direct dans l’émission du lendemain matin à 7h, nous acceptons mais c’est seul que je m’y rendrai : le « j’suis mort » de mon camarade à 6h du matin ayant été suffisamment éloquent. Mais ne vous méprenez pas, la soirée précédente, excellente au demeurant, n’a pas été (tellement) arrosée.
En effet, sur le conseil de Jean-Marie, nous nous somme rendus à Fontbouillant, un quartier populaire de la ville, pour suivre dans la MJC le match de foot Allemagne-Portugal sur écrant géant. C’est Fanou, un des responsables qui nous présente l’endroit, construit dans les années 60 et situé dans une cité qui est passée en quelques décennies de 10.000 à 2.500 habitants, en raison de la fermetures de nombreuses usines de la région ( reste encore Dunlop ). La MJC est pourtant le poumon culturel de la ville, certainement l’endroit le plus dynamique aux dires des Montluçonnais. Fanou m’évoque Sniper ou les Têtes Raides, parmi les artistes de renom venus s’y produire dans la salle de spectacle. Le centre comporte aussi salles de répétitions et locaux d’expositions. Ainsi l’activité culturelle n’est pas concentrée qu’en centre ville, ce qui peut être en lien avec ce que je décrivais dans un précédent papier sur la nécessité de maintenir des lieux de convivialité en zone rurale. Si pour les banlieues, le problème se pose autrement le principe est le même et permet d’éviter le cloisonnement de certaines zones. Trop de maison de quartiers manquent de dynamisme faute de budget et/ou de volonté. Cédric de RNB, croisé à la retransmission du mtach, me confiait que les artistes hésitaient à venir jouer dans des villes de moins de 50.000 habitants par peur de ne pas couvrir leur frais. Mais n’est-il pas du devoir de l’Etat, au delà du principe de rentabilité, d’assurer un accès équitable à la culture. Fontbouillant y parvient, il est nécessaire d’encourager les autres.
D’un point de vue personnel, voir autant de gens, et surtout autant de jeunes m’a fait plaisir. On a discuté , rigolé, cela donne un petit vent d’air frais. Pas parce que c’est forcément mieux que les plaines de L’Allier, mais jusque parce que cela nous change des derniers jours. Pour l’histoire, les Allemands ont gagné. Dommage, les supporters lusitaniens très nombreux dans la salle auraient certainement fait la fête et réveillé Montluçon et peut-être que Daniel serait venu à la radio : à 6 h du mat’, on aurait peut-être été encore debout.
Nicolas